Un dossier qui prend de l'ampleur à partager avec toutes les équipes Mobiliser autour du bien-être animal
Le dossier du bien-être animal monte en puissance. Future loi-cadre européenne, projet d'amendement pour modifier le code civil... Faire l'impasse sur ce sujet devient difficile pour les entreprises concernées par le secteur animal.
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« Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. » L'amendement Glavany souhaite faire introduire ces termes dans le code civil, pour l'aligner sur les codes pénal et rural reconnaissant les animaux comme des « êtres vivants et sensibles ». La commission des lois de l'Assemblée nationale a confirmé, le 17 septembre, cet amendement intégré dans le projet de loi de modernisation et de simplification du droit, en débat parlementaire cet automne. De son côté, la loi d'avenir agricole stipule dans son article 1er que la politique en faveur de l'agriculture a, entre autres, pour finalité de « veiller au bien-être et à la santé des animaux ».
Quant à la législation européenne, elle a produit des directives sur le transport, l'abattage, et sur les poules pondeuses, les porcs, les veaux, les poulets de chair. Une future loi-cadre est en préparation mais « nous n'avons aucune certitude sur la position politique à ce sujet avec le changement prochain de commissaire », souligne Denis Simonin de la DG Sanco, lors d'un débat sur le bien-être animal, organisé par Coop de France au dernier Space, à Rennes. Quoi qu'il en soit, il y a la volonté d'aller vers une notion de résultats (et non plus d'obligation de moyens) avec une responsabilisation des opérateurs et la création d'indicateurs, et vers plus de formation. Dans tous les cas, la pression sociétale est forte. Pour suivre le mouvement, un groupe comme Nestlé s'est engagé cet été à améliorer le bien-être animal dans sa chaîne d'approvisionnement mondiale, avec un cahier des charges plus exigeant dans les élevages. L'association CIWF organise même des trophées du bien-être animal.
Sensibiliser le terrain
Aujourd'hui, ce sujet fait de plus en plus débat dans le monde de la distribution agricole. Coop de France le traite de façon dédiée depuis trois ans par la nomination d'un administratif (Jeanne Guégan) et d'un professionnel (un agriculteur de Terrena). « Nous avons monté un groupe de travail en 2013 d'une dizaine de personnes, salariés de Coop de France national et des fédérations régionales, de coopératives », explique Jeanne Guégan. L'objectif est de mettre en place une veille structurée, relayer des informations de fond et sensibiliser le réseau des coopératives à cette problématique.
C'est d'ailleurs pour sensibiliser ses adhérents et ses équipes que Cap Seine a participé à la projection du film « Même pas mal » avec deux autres partenaires début 2014. 1 200 éleveurs se sont déplacés. Quelque temps auparavant, les équipes commerciales avaient bénéficié de l'intervention d'un vétérinaire sur les bonnes pratiques en élevage. Pour l'instant, il n'y a pas d'autres actions spécifiques en prévision. « Mais parler des bonnes pratiques est le point de départ qui naturellement va amener à l'aspect bien-être animal. Je souhaite qu'au-delà de la vente d'aliments, mon équipe ait une expertise pour parler de l'élevage aux éleveurs. Et dès que l'on s'intéresse à l'eau, au bâtiment, et aussi à l'animal, on améliore son bien-être », estime Jean-Bernard Leroux, directeur productions animales, tout en précisant que « Cap Seine est dans la filière Bleu Blanc Coeur depuis 2000. » « Ecouter l'animal n'est pas antinomique avec la notion de compétitivité », estime Denis Simonin. Ainsi, la pose de cages mères pour le bien-être en lapin, chez certains éleveurs de la Cavac, n'a pas grevé les performances.
Anticiper au lieu de subir
Ce groupe coopératif s'est lancé le défi d'être le messager de l'élevage de demain. « Nous avons développé récemment une filière poules plein air et pour les porcs, 95 % des bâtiments sont aux normes », détaille Frédéric Monnier, directeur nutrition animale et productions spécialisées. En lapin et en canard, ce groupe est dans une démarche bien-être tout à fait volontaire puisqu'il n'existe pas d'obligation en la matière. Mais sur ce dossier sensible du bien-être animal, on achoppe toujours sur le même écueil : valoriser en final les efforts engagés. La Cavac, de son côté, reconnaît que ce n'est pas forcément le cas. Et un groupe comme Nestlé va-t-il permettre de mieux rémunérer le producteur en contrepartie des nouvelles exigences ? Comme le souligne un participant lors du débat de Coop de France, « la société passe commande, mais n'honore pas la commande. Les consommateurs ont aussi leur responsabilité. »
Hélène Laurandel
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